En période de crise, l’innovation est considérée comme une solution miracle, une potion gauloise salvatrice et résolvant toutes les agressions de l’adversité. L’intérêt des sciences sociales et de gestion pour l’innovation tend à s’accroitre et à dépasser le strict domaine de l’industrie et de la technologie. Chacun développant des approches plus ou moins différentes de l’innovation et de ses mécanismes.

Voici un premier article destiné à rappeler quelques clés de vulgarisation du concept d’innovation pour d’approfondir la notion de culture d’innovation. N’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions.

La notion d’innovation renvoie […] à l’idée de nouveauté, de changement et de progrès

Hamdouch, 2016

L’innovation est une représentation collective pouvant être associée à tout changement bénéfique introduit dans l’économie. L’innovation est la vitamine des entreprises, elle leur permet de sortir de conjonctures peu avantageuses et de s’adapter à l’évolution des marchés.

Par exemple, c’est dans ce contexte que se trouve l’industrie automobile contemporaine. D’après certaines analyses (McKinsey, 2016), « Les revenus du secteur de l’automobile vont (…) se diversifier vers des services de mobilité à la demande et des services axés sur les données », ce qui implique un recul des voitures « traditionnelles ». Avant la crise du coronavirus, les constructeurs étaient dans une course acharnée à l’innovation pour concevoir la prochaine voiture électrique, connectée et/ou autonome.

Pour l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) :

Une innovation est la mise en œuvre d’un produit (bien ou service) ou d’un procédé (de production) nouveau ou sensiblement amélioré, d’une nouvelle méthode de commercialisation ou d’une nouvelle méthode organisationnelle dans les pratiques d’une entreprise, l’organisation du lieu de travail ou les relations extérieures.

Manuel d’Oslo, 2017

L’innovation peut faire référence à différents types d’objet :

L’innovation de produits ou services est la création ou l’amélioration d’un produit ou offre d’une prestation de services qui crée une valeur nouvelle ou supplémentaire pour le marché.

L’innovation de procédés ou processus correspond à la mise en œuvre de nouvelles techniques ou l’amélioration des techniques pour la production de biens ou la réalisation de prestations de services. 

L’innovation marketing ou de commercialisation implique des changements dans la conception/design, le conditionnement/packaging du produit ou du service, sa commercialisation, sa promotion, etc.

L’innovation organisationnelle consiste à introduire une nouvelle méthode ou une amélioration dans les pratiques de management, l’organisation du travail ou les relations extérieures.

 

Il existe aussi plusieurs natures (technologie, usage, social, autre) et intensités (rupture incrémentale, assemblage, adaptation). La typologie d’une innovation est fortement médiatisé et dépendante des business models. Cependant, quelques soient les difficultés à définir l’innovation, la question la plus importante est : Comment innover ?

L’une des réponses est la diffusion d’une culture de l’innovation. « Innovation : l’important c’est la culture », voici le nom de l’article de Jaruzelski, et al. (2012). Dans ce dernier, les auteurs étudient un échantillon d’entreprise et démontrent que :

La culture pèse dans la performance davantage que l’investissement en R&D

Global Innovation 1 000, Booz & Company, cité par Jaruzelski et al. 2012

 

La culture d’innovation fait partie des éléments qui caractérisent une « entreprise vraiment innovante ». Elle est le ciment qui lie la sphère représentative, émotionnelle et conceptuelle. Cependant, la culture doit être en alignement avec la stratégie de l’entreprise.

Au sein de la culture de l’innovation, il existe des éléments distincts, dont les principaux sont représentés dans l’illustration ici (Booz & Compagny, cité par Jaruzelski et al. 2012). Il apparait trois formes de culture de l’Innovation (ci-contre). 

Les « need seekers » sont les entreprises qui ont choisi d’impliquer directement les clients. Les « market readers », observent la clientèle et la concurrence, ils sont les « seconds entrants » sur les marchés ; Les « technology drivers », s’orientent plutôt vers l’interne avec un investissement continu en R&D et la recherche de technologies de pointes.

Lorsqu’une entreprise choisit de se positionner sur la culture de l’innovation « need seekers », l’élément de culture qui ressort en tête est « l’ouverture aux idées issues de l’extérieur ». De plus, leurs chances de faire mieux que la concurrence sont 30% plus importantes.

Les 4 premières entreprises innovantes : Apple, Google, 3M et GE (Bloomberge, Booz et Compagny, cité par Jaruzelski et al. 2012) et la moitié du top 10 des entreprises innovantes ont une culture « need seekers ». A l’inverse, le top 10 des investisseurs présentent une culture « technology drivers ».

Plus les liens seront serrés entre stratégie, culture et innovation, mieux votre entreprise saura convertir ses dépenses de R&D en résultats commerciaux et en performances.

Jaruzelski et al., 2012

Pour terminer cet article, « Le succès de l’innovation, ne dépend pas du montant dépensé, mais bien de la manière de le faire », ainsi que de son ajustement à tous les maillons de l’entreprise. Dans les entreprises les plus performantes, l’innovation n’est pas le domaine de la R&D seulement. Chacun se sent concerné et impliqué.


Pour approfondir, nous vous proposons les références suivantes :

  • Jaruzelski, B. & al. (2012). Innovation: L’important c’est la culture. L’Expansion Management Review, 1(144).
  • Lucidarme, T. (2013). Valoriser et développer l’innovation. Paris : Vulbert.
  • OECD: Organisation for Economic Co-operation and Development. (2016). OSLO Manual: Proposed Guidelines For Collecting And Interpreting Technological Innovation Data (3e éd). Editions OCDE. Edition 2018, repéré ici : http://www.oecd.org/innovation/oslo-manual-2018-9789264304604-en.htm